Vivre ensemble la beauté comme espace de la rencontre 22-23 septembre 2018

Vivre ensemble la beauté comme espace de la rencontre
Neuville – Québec

 

Ce document est aussi disponible en version originale   9,6 MoLire aussi l’intervention complète de Boufeldja Benabdallah

Introduction

Les 22 et 23 septembre derniers, une cinquantaine de personnes de divers horizons et cultures se sont rassemblées au Vieux Couvent de Neuville pour vivre ensemble «la beauté comme espace de la rencontre».
Dans un premier temps, nous allons vous présenter l’origine de cette rencontre, par la parole d’Isabelle Forest, puis dans un deuxième temps nous redirons le sens de «vivre ensemble» aujourd’hui. Par la suite, des photographies et témoignages retraceront ce que nous avons vécu pendant ces deux journées.

 

L’art de la rencontre

Isabelle Forest nous accueille à l’ouverture de ces deux jours au Vieux Couvent de Neuville. Avec Bénédicte Guillon Verne, Noémie Lefebvre et Pierre Bérerd, ils habitent cette demeure, une ancienne école (couvent) , qui a maintenant 303 ans. Jean-Noël André, que certains d’entre-vous connaissent, a été invité pour plusieurs mois en France afin de mettre à profit son expérience de la vie symbolique, cultivée ici depuis plus de vingt ans. Ensemble, ils font partie de la corporation Espace Art Nature et du Chemin qui marche, une compagnie de théâtre d’objets, d’ombres et de marionnettes. Cette maison est à la fois leur lieu de vie et de travail, c’est un lieu culturel et de rencontre, un lieu de formation, de création où la nature, la littérature, la marionnette et les arts qui s’y rapportent ont une place importante.

Isabelle Forest : « Au cœur de notre mission il y a l’art de la rencontre. Je suis de naissance française et suis au Québec, citoyenne canadienne depuis 23 ans. Je fais partis de ces québécois qui ne sont pas de souche, des immigrés, mais d’une identité non visible. En ce qui me concerne je ne suis pas venue ici par nécessité absolue, ou parce que je n’avais pas le choix. Je n’ai eu à fuir ni le rejet, ni la guerre, ni la discrimination, ni la précarité ou la pauvreté, ni même des difficultés économiques ou idéologiques. Ce sont des circonstances de la vie, mon engagement dans la culture et la vie artistique, mon métier qui m’ont amenés ici. »

L’avenir de l’Homme dans les yeux d’un enfant

« Tout a commencé quand j’avais 27 ans et que je travaillais en France à la réalisation d’un film tourné avec uniquement des enfants, français, autochtones, de plusieurs communautés innues de la Côte Nord, et des enfants québécois du Témiscouata. Ce film intitulé L’avenir de l’Homme dans les yeux d’un enfant nous a fait rencontrer des personnes incroyables, découvrir la richesse de la culture autochtone, de la culture québécoise; nous avons habité la géographie de ce pays, découvert son histoire, ses souffrances et ses rêves et nous avons pu aussi, entre autre, vérifier que notre démarche artistique (qui repose dans les grandes lignes sur la confiance, l’écoute, l’authenticité, la vérité et le respect de soi et de l’autre) était viable quelque soit la culture des personnes concernées, parce que cette démarche repose sur des valeurs fondamentales, essentielles à la vie, à toute personne, quelque soit son origine. »

 

Théâtre d’expression populaire à Québec

« Puis, nous sommes restés à Québec pour faire le montage du film, nous avions loué un petit appartement dans le quartier Saint Roch. Or, nous nous sommes rendu compte que le travail que nous avions fait sur la Côte Nord était autant nécessaire à Québec, dans le quartier où nous nous trouvions. C’est ainsi que nous avons ouvert un lieu culturel et artistique, le Café des Arts, puis créé un grand spectacle d’histoire et d’expression populaire, Les Mystères de la Basse Ville auquel ont participé des centaines de personnes.
Puis en 1993 nous sommes arrivés ici au Vieux Couvent. Nous avions besoin d’une maison pour nous enraciner et, grâce aux sœurs de la Congrégation Notre Dame, dont certaines jouaient dans le spectacle, cette demeure nous a été confiée. Voilà les grandes lignes de l’histoire de notre présence au Québec depuis 34 ans. »



Le Vieux Couvent de Neuville, un lieu d’enracinement

Depuis toutes ces années, nous, les compagnons d’Espace Art Nature, cultivons ce terreau de la beauté et du vivre ensemble à travers la mission que nous aimons nommer l’art de la rencontre. Nombre de personnes sont engagées avec nous et portent la mission à leur façon, dans leur milieu.
Nous avons en ce sens réalisé deux projets dans le cadre de la Commission de Vérité et Réconciliation du Canada : le Cercle de Confiance – Forum pour un Projet Citoyen et le spectacle Voix du Silence (créé par le Chemin qui marche à partir des témoignages des survivants des pensionnats autochtones); organisé ici ou ailleurs nombre de rencontres culturelles et artistiques, des sessions de formation, des spectacles.

Notre mission, l’art de la rencontre

En 2014 nous avons organisé la 1ère rencontre internationale en Amérique du Nord du Congrès Et si la beauté pouvait sauver le monde? à Montréal. Les quelques 200 participants ont vécu la cérémonie d’ouverture dans le bois, sur le Mont Royal en plein cœur de la métropole, en cercle, accueillis par des représentants de plusieurs nations autochtones. Un symbole fort de rencontre, d’ouverture au Vivre ensemble, à la beauté.

 

« CommunautéS en cercle »

Depuis ce congrès, tous les ans au mois d’août, nous nous retrouvons au Mont Royal pour vivre un cercle où quelques soient nos communautés d’origine, culturelles, spirituelles, nous sommes réunis pour célébrer la beauté de la rencontre. Se tenir debout, ensemble, partager un espace d’infini, de sacré, à travers une parole, un geste, un symbole. La cérémonie se poursuit par un joyeux pique-nique !

 

 

Vivre ensemble

Introduction donnée par Isabelle Forest


Vivre ensemble, c’est le défi de notre vie en ce monde ! Vivre avec un autre, vivre avec des autres qui ne sont pas comme soi. Déjà dans une même famille, nous avons parfois du mal à nous comprendre; nous savons bien qu’à une échelle plus grande de la vie en société cela se complexifie, du fait de nos apprentissages, de notre culture, de la langue etc.

Pourtant nous rêvons de rapports harmonieux, nous aimons à croire, pour les plus optimistes aux paroles de la chanson de Raymond Lévesque « Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère… » et pour les plus pessimistes nous voudrions bien y croire. Croire aux paroles du prophète Isaïe que le lion pourra s’étendre près de l’agneau.
Pourquoi est-ce si difficile? Il y a mille et une raisons, de celles qui ont fait l’histoire d’Abel et de Caïn, jalousie, peur, soif de pouvoir, désir de domination, victimisation etc. Nous n’allons pas chercher pourquoi nous avons du mal à vivre ensemble, nous allons plutôt vivre de notre mieux une vie de communauté. Pour cela vous le savez, notre porte c’est la beauté. La beauté comme espace de la rencontre.

Voici une citation du pape Pie XII : «Le beau doit nous élever, la fonction de tout art consiste à briser l’espace étroit et angoissant du fini, dans lequel est plongé l’Homme tant qu’il vit ici bas, pour ouvrir une sorte de fenêtre à son esprit qui tend vers l’infini… »
Le beau, c’est cette lumière qui illumine nos vies, leur donne du sens, de la profondeur, dévoile un espace. On pourrait penser que c’est réservé à quelques uns, aux artistes, ceux qui sont tombés dans la potion magique. Mais je suis convaincue que l’expérience de la beauté est offerte à chaque être humain, que chaque être humain, quelles que soient ses conditions de vie, en est capable et surtout digne.

Vous avez sans doute entendu parler de ces personnes qui, dans le dénuement le plus total, trouvent espoir, courage et dignité grâce parfois à une fleur, un paysage, un acte, un geste, une œuvre artistique. Quelque chose qui leur parle, leur témoigne de l’essentiel, leur parle de sens, de soif, de nourriture sur le chemin des pourquoi, propre à toute existence.
Nous pourrions chacun d’entre nous, sans doute, relater une expérience, ou une rencontre significative, qui a fait toute la différence. Cette différence se loge dans le fait qu’à travers notre vue, ou nos sens, ou notre intelligence, nous avons eu accès à quelque chose de très profond, quelque chose qui nous a déplacé, a ouvert une brèche, un espace sans limite.
Je souhaite qu’ensemble nous goûtions à la beauté comme un espace de la rencontre pour vivre ensemble dans cette harmonie, cet amour auquel nous aspirons chacun et que nous sachions le porter ensuite, le propager autour de nous. Il suffit de peu, d’un frêle rai de lumière à l’aurore pour chasser la nuit.

 

La rencontre à Neuville

 

Nous nous retrouvons, d’ici et d’ailleurs, représentant dix nationalités; un certain nombre de neuvillois étaient présents ainsi que des personnes de la région de Portneuf, Québec, Montréal et la Côte Nord; des représentants des Premières Nations et de plusieurs organismes: Développement et Paix, Initiatives et Changement, le Cercle Citoyen de Sainte-Foy, Cultures au Cœur, le Capmo, les Focolaris.

C’était la première fois que je participais à une rencontre comme celle-ci. Ce qui m’a frappé, c’est la grandeur de la simplicité de chacune des personnes présentes. Simplicité d’ouverture et d’accueil.
Francine Dumont

 

«Beauté et quête de sens»

Parole donnée à Boufeldja Benabdallah

Boufeldja Benabdallah est né à Tlemcen en Algérie et est installé au Québec depuis bientôt 50 ans. Il a une riche expérience professionnelle et communautaire dans le domaine de l’environnement et du développement durable autant à l’international qu’au Québec, comme consultant ou directeur de projets. Médaillé Senghor de l’organisation internationale de la francophonie pour ses travaux réalisés au bénéfice des pays en développement, il est aussi cofondateur de plusieurs associations étudiantes à l’université Laval (pour les étudiants africains et les étudiants musulmans), et aussi cofondateur de la Mosquée de Québec et président du Centre Culturel Islamique de Québec. 

Le 29 janvier 2017 la vie des membres de la communauté musulmane de Québec a changé. Un jeune étudiant a pénétré dans la mosquée à l’heure de la prière, lourdement armé et a
fait feu pendant de longues minutes, tuant 6 personnes et en blessant 5 autres, certaines de manière irréversible. Nous avons proposé à Boufelja Benabdallah de faire la première intervention de cette rencontre, de nous parler de la quête de sens.

Boufeldja nous a donné un témoignage et un enseignement bouleversants. Nous vous en partageons deux courts extraits et nous vous invitons à lire le texte complet de son intervention.

L’intervention complète de Boufeldja Benabdallah

« Albert Camus a dit une phrase importante: «Il y a dans l’être humain plus de choses à admirer qu’à mépriser.» C’est magnifique! Cela nous renvoie à l’espérance.
Omar Khayyâm, l’écrivain et savant perse du XIIème siècle, a dit: « Au-delà de la terre, au-delà de l’Infini, j’ai cherché à voir le Ciel et l’Enfer. Quelqu’un au fond de moi-même m’a dit, ils sont tous deux en toi ». Autrement dit, ne regardons pas uniquement l’enfer, regardons le paradis qui est en nous. Le Paradis c’est quoi? C’est le Beau. Donc on aspire tous au Paradis. L’admirable, c’est cette beauté du meilleur de nous-même, dans les circonstances les plus extérieures de douleur ou de joie. Il serait tellement plus facile de bien vivre ensemble, si nous nous disions : «J’admire ce que tu es, j’admire ta beauté, ton intelligence, ta générosité, j’ai envie de vivre avec toi et que tu puisses vivre avec moi.» C’est plus facile de vivre ensemble si on admire le beau dans l’autre et qu’on ne regarde pas uniquement le mauvais. Même s’il s’avère que cet autre est le plus dur des hommes, si vous lui dites qu’il a au fond de lui une vraie grande beauté, vous venez de l’ébranler, ne serait-ce que le moment d’un clignement des yeux. Laissez cette graine germer en lui, il deviendra peut-être le meilleur des hommes.»

«Chacun de nous, à travers un événement, un contact, peut voir la beauté à sa façon, rien ne sert de gloser sur des définitions. Comment moi j’ai pu voir la beauté à partir de ce moment d’une grande intensité de douleur? Je l’ai vécu à travers plusieurs événements qui ont suivi l’attentat. Le premier événement déterminant a eu lieu sur l’esplanade entre l’église et la Grande Mosquée, il y a là un petit stationnement où se sont rassemblées 15 000 personnes, 15 000 coeurs qui ont palpité. Ces gens ne sont pas venus uniquement pour les Musulmans, ils sont venus pour la société, pour les gens, pour dire qui ils sont, pour dire qu’ils aiment tout le monde. Des enfants, des vieilles personnes, des jeunes, des intellectuels comme des manœuvres. 15 000 personnes étaient là : des citoyens, des dignitaires des trois paliers de gouvernement (provincial, fédéral, municipal), bougies, roses blanches à la main ou tout simplement les mains dans les poches. Tout simplement, silencieux ; écoutant les appels à la solidarité, à la bonté, à l’amour. Marchant côte-à-côte, dans une circumambulation entre les deux édifices religieux. Il y avait là une lumière qui baignait le cœur de cette foule, le cœur de chacun. Vous allez me dire que vu les circonstances, j’étais dans une autre dimension. Oui, on peut tous aller dans une autre dimension dans ces grands événements, mais je suis certain de cette lumière que j’ai vue ce soir-là. Certes, il y avait les flammes des lampions, des bougies, il y avait des ballons qui se balançaient comme pour saluer cette foule. Il y avait aussi tous ces gens qui faisaient bouger leurs bougies, à l’unisson, personne ne leur a dit de faire cela, ils l’ont fait parce qu’ils étaient en communion. Il y avait cette lumière, une sorte de vague qui a baigné tout le monde. Oui, je me rappelle, c’était beau ! C’était magnifique!»

 

Le moment qui m’a le plus touchée et dont je garderai un souvenir indélébile est l’unique et touchant, voire troublant, témoignage de monsieur Boufeldja Benabdallah en ouverture  de cette session.
Ce fut un témoignage éloquent sur l’horreur, le mal et la souffrance, mais aussi sur l’amour du prochain, le pardon et la rédemption, et surtout la force de caractère et le courage qu’elle nous donne.
J’ai été émue aux larmes.
À l’heure où la société (ailleurs ou ici) a tendance à vouloir se refermer sur elle-même, à cause d’un réflexe de peur et de défense, j’ai reçu une grande leçon d’amour, d’ouverture et d’humanité, dans ce qu’elle a de meilleur.
J’ai eu le sentiment indicible d’entendre (et j’oserais même dire de toucher) la bonté et la beauté : oui la beauté malgré l’horreur et la souffrance. En effet, entendre quelqu’un, qui a été témoin d’un massacre et de ses conséquences, dire qu’il y a une ouverture chez son auteur parce que celui-ci a parlé de la peine qu’il avait causée à sa mère, c’est pour moi un moment de bonté et de beauté.
Et aussi une remise en question: ne faudrait-il pas que j’apprenne à pardonner (et pas seulement oublier) des choses bien moins graves, voire anodines…
Anne-Marie Trahan

 

Cette journée m’a fait un bien immense. J’ai l’impression qu’elle constitue un passage dans ma vie, comme s’il y avait un avant et un après. Et je peux dire que depuis, quelque chose se passe en moi, comme un changement d’attitude face à qui je suis, à ce que j’ai envie de devenir et de voir se réaliser dans ma vie. Tout cela est très positif et, peu importe où cela me conduira, je suis sûr que ce sera pour le mieux.
Merci de distiller la beauté dans ce monde en organisant de tels événements! Ils contribuent littéralement à embellir notre monde de par la notion de partage que vous leur donnez. Merci!
Dominique Gagné

 

«La création artistique, lieu de la rencontre»

Parole donnée à Guy Demers

Guy Demers est sociologue, il a surtout travaillé dans les domaines du développement social et des droits de la personne. Artiste, potier et écrivain, engagé depuis une vingtaine d’années  dans des activités d’art et d’écriture auprès de personnes et de groupes de tous milieux, en lien tout particulièrement avec le Dépanneur Sylvestre dans Gatineau-Hull, la Commission scolaire au Coeur des Vallées et l’Atelier de formation socioprofessionnelle de la Petite Nation, la Maison communautaire Interaction Famille et divers organismes communautaires, dont le YMCA du Parc à Montréal, les Artistes pour la Paix et le Mouvement international ATD Quart Monde. Son livre le plus récent: L’art ensemble, survol de mes ateliers d’art et d’écriture, Les Pots d’Amis, 2015.

Guy nous fait vivre un échange autour d’images glanées dans ses ateliers,
des trésors de peinture où s’exprime la beauté de chacun.

 

Ce qui m’a beaucoup touché, c’est la présence à l’autre et l’écoute, toute en beauté, des participants les uns envers les autres. C’est la lumière franche et pure de nos regards réciproques à la fin où tout le monde se disait Au Revoir. Ce qui reflétait exactement les effets de la Beauté sur nous…
Madeleine Delisle

 

«La biodanza, une poétique de la rencontre»

Parole donnée à Dominique Gagné et Véronica Rioux

Dominique Gagné est chanteur lyrique de formation. Il a une carrière de plus de 20 ans dans ce domaine. Il découvre en 2012 la Biodanza, qui devient alors pour lui une passion. En septembre 2017, après trois ans de formation à l’École de Biodanza de Montréal (ÉBM), il commence à faciliter la Biodanza et entame maintenant sa deuxième année avec enthousiasme.

Véronica Rioux est formée en philosophie, politique et consommation. Elle oeuvre depuis 25 ans dans des organisations solidaires, coops et, depuis 2007, pour les Accorderies. Elle
s’est aussi démarquée en Slam poésie. Après un premier coup de coeur pour la Biodanza en 2011, elle co-facilite avec André Bélanger un groupe hebdomadaire à Québec depuis 2017.

 

Présentation des ateliers :

Vivre ensemble c’est créer !

 

 

Atelier Expression plastique

avec Madeleine Delisle

L’atelier a pour objectif de faire expérimenter aux participants la synergie entre l’intériorité et la créativité. Nous serons invités à tourner notre attention de l’extérieur vers l’intérieur pour ensuite créer à partir de notre espace sacré. Cette expérience nous amènera à découvrir que le reflet de la Beauté en soi est un espace de rencontre.

 

Atelier Biodanza 

avec Dominique Gagné et Véronica Rioux

Créée au Chili dans les années 1960 par Rolando Toro, la Biodanza est un processus d’épanouissement qui invite à la connexion à soi, à l’autre et à la vie. Elle propose diverses danses permettant de savourer le plaisir de vivre, au sein d’un groupe accueillant. Elle invite à vivre le moment présent et à réhabiliter l’élan naturel vers ce qui est bon pour soi, stimulant joie de vivre et vitalité. Simple, puissante et accessible, la Biodanza est aussi une invitation à célébrer le lien et la beauté de la rencontre humaine. 

Atelier Collages et mots 

avec Guy Demers, sociologue, artiste, écrivain 

«La galerie des fleurs de macadam», galerie nomade, comporte des photographies de près de 80 dessins, peintures, collages de papier, coloriages, graphismes et mots littéraires créés en groupe dans les ateliers d’images et de mots animés par Guy Demers depuis près d’une vingtaine d’années, dans les milieux les plus divers. Chaque participant sera invité à choisir une de ces oeuvres et à composer un ensemble à faire connaître avec d’autres oeuvres que lui proposeront, tour à tour, les autres participants de son groupe.

 

Atelier Marionnettes et objets 

avec Pierre Bérerd, marionnettiste, animateur culturel 

Prendre un objet et lui donner vie… c’est magique! Jouer ensemble, avec ses mains, des objets, des marionnettes… Nous découvrirons que lorsque les mains, le regard et l’objet se conjuguent, nous rencontrons un personnage !

 

Atelier Vidéo, un lieu, une rencontre 

avec Karim Haroun, réalisateur de documentaires 

Un lieu, une rencontre : la caméra est un regard qui nous ramène à nous-mêmes, qui nous révèle une partie de nous-mêmes. Entre ceux qui filment et ceux qui sont filmés, une rencontre profonde, de soi à soi, est alors possible.

 

Trois moments d’intériorisation :
La découverte d’un lâcher-prise bienfaisant lors de la confection d’une production artistique collective en trio et la conscientisation renouvelée du potentiel de créativité que recèle la mise en commun;
L’émotion ressentie et partagée lors du témoignage de Noémie en faveur de la ferveur sous les traits d’un indomptable colibri et un rappel de l’urgence d’agir;
Lors de la danse traditionnelle, la transcendance de la descendance et ce qu’elle porte d’appels aux souvenirs personnels et au devenir collectif.
Jean Bellerive

 

Soirée festive !

 

Certains ateliers nous redonnent le fruit de leur travail. 
Ensuite la scène est ouverte : chansons, histoires, chant lyrique, poèmes, slam,…

 

La soirée se termine par le spectacle «Inukshuk» présenté par le Chemin qui marche.

 

Marche au bord du fleuve

Dimanche matin, nous descendons en silence les rues du village, traversons la route 138 pour aller au bord du fleuve. 1420 km qui relient Montréal à la Côte Nord, cependant aucune route n’égalera le fleuve, le grand Saint-Laurent, la colonne vertébrale qui relie à soi-même, aux autres, aux origines et aux symboles.

 

NOUS, sur le bord du fleuve, vastement séparés comme des colonnes, unis à aspirer le ciel en silence.
Daniel Huot

Observer toutes ces personnes dans le silence au bord de l’eau. Je m’imaginais que j’avais, nous avions, le pouvoir de s’isoler et jouir intensément d’un espace de beauté dans une foule.
Marie-Emilie Lacroix

J’ai aimé la beauté de la ville et de la plage rocheuse, les témoignages et rencontres…
La musique, les marionettes et autres partages lors de la soirée, l’atelier.
Francis Beyrouti

La beauté est le chemin de lumière du cœur conscient.
GRATITUDE pour cette inspirante, tranformante RENCONTRE D’AMOUR
près du fleuve aux grandes eaux.
Merci
Marie Andrée Roy

 

 

«Nature et contemplation»

Parole donnée à Colette Tardif et Noémie Lefebvre

 

Colette Tardif est productrice d’outils multimédias en éducation relative à l’environnement (ERE), vice-présidente du regroupement francophone PLANÉT’ERRE. Ces multimédias d’apprentissage développés par les productions Cotardi sont destinés aux milieux scolaires pour donner aux jeunes une structure de pensée et des informations qui leur permettront de mieux comprendre les sociétés dans lesquelles ils seront amenés à jouer un rôle actif. Il s’agit également de fournir aux enseignants des outils efficaces pour mener à bien leurs enseignements.

Noémie Lefebvre a grandi en France dans une région de forêt, la Sologne. Elle aime le dessin, est architecte de formation, et a travaillé pour son diplôme sur le lien entre le citadin et la nature. Son projet tentait de reconnecter le citadin au sol qui le porte, d’éveiller sa conscience à la vie qui l’entoure. Le dessin est pour elle une pratique d’écoute qui l’amène à rendre compte de la beauté de ce qu’elle voit, de sa contemplation du monde.

L’une crée des outils pédagogiques pour conscientiser les jeunes à l’environnement et à la nature, l’autre a fait son mémoire d’architecturesur la réhabilitation des sols dans Paris.
– Qu’est-ce que la contemplation pour toi?
– Une question de temps, de la nature qui prend son temps. Quelque chose de plus grand que moi. Quelque chose qui jusque dans la petitesse des choses et des actes dépasse mon action et mon temps. Et toi que distude l’environnement?
– La maison commune dont parle le pape François fait référence à la relation à la nature, à tout le créé, aux autres. Nous faisons tous partie de la nature, la question est où nous situons-nous? Est-ce que nous nous laissons véritablement toucher par la création que nous avons sous les yeux, ce fleuve, cet arbre? Habitons-nous vraiment avec lui, habitons nous avec nous-même, avec les autres? Un geste dicté ne vaut pas la peine, sauf
quand il y a une prise de conscience, elle est indispensable pour le passage à l’acte. Trop tard pour changer dites-vous, impossible? que peut faire un petit geste, isolé? mais des milliers de petits gestes !…

« Un jour, il y eut un très grand feu de forêt. Tous les animaux étaient paniqués. Or, on voyait un petit oiseau faire des aller-retours «Zim zim», «Zim zim»,… C’était le colibri, qui portait dans son bec quelques gouttes d’eau jusqu’au feu. Les autres animaux se moquaient de lui et lui disaient : «Que fais-tu?!» Et le colibri répondait : «Je fais ma part».

Ce qui m’est revenu de plus fort, c’est le colibri qui «redonne vie» à l’éléphant déprimé, par son simple témoignage. Très revitalisant et impressionnant pour moi.
Renaud Blais

 

 

Cérémonie de clôture

 

Prière par nos amis des Premières Nations,
Marie-Emilie Lacroix, innue, et Renaud Blais, huron-wendat

Prière par nos amis musulmans, Boufeldja Benabdallah et Rachid Djouaher

 

Ce fut pour moi un moment magnifique : la qualité des échanges, la qualité de l’organisation et des animations, la beauté des lieux. Mais surtout, c’est l’ouverture des gens, les coeurs généreux et réceptifs qui m’ont touchée en de nombreuses occasions. Et le champion des colibris pour moi a été monsieur Benabdallah qui m’a bouleversée par sa présence, sa capacité à transmettre et à accueillir la beauté, celle qui répare et transforme.
De tout cela, c’est l’enchantement qui revient, celui qui redonne confiance en l’humanité.
Jeanne Francke

Je me suis fait la remarque que nous avons là une communauté qui danse, pas attachée au pieu d’une paroisse, d’une institution ou d’un credo, mais une sorte de toile d’araignée du cœur, un attrape-sens, comme nos amis Autochtones nous ont appris l’attrape-rêves…
Denis Breton

L’espace a été habité. Précieux espace où l’art a servi de visa d’entrée. Mon espace intérieur s’est agrandi; il en est, j’en suis sûr, de même pour vous. Et il a été partagé librement. Avouons-le, c’est aussi une belle victoire collective sur le dieu argent qui empêche si souvent un «commerce» improbable, harmonieux et plein de gratuité entre les personnes.
Fernand Dumont

 

 

J’ai été touchée par une conversation avec Marie-France en bordure du fleuve.
J’ai ressenti la majesté, la beauté, la générosité du fleuve Saint-Laurent !
J’ai apprécié la sincérité des partages lors des repas : le pique-nique joyeux sur le bord du fleuve, l’abondante mise en commun des plats pour le samedi soir et ce festin «épluchette» du dimanche ! Tous participaient d’une manière ou d’une autre.
Colette Tardif

La chaleur du bois qui brûlait dans le foyer, celle des coeurs qui partageaient leur sensibilité, l’atelier bricolage en groupe au presbytère, les p’tites roches qui se sont animées en soirée, les belles âmes qui sont venues dormir et déjeuner chez moi, la marche qui parlait très fort en silence jusqu’au fleuve et retour au point de départ, la voix douce et sincère de Noémie qui, émue, a frappé droit au coeur, le blé d’Inde chaud de Neuville qui se laissait beurrer joyeusement tout en permettant aux dégustateurs de se maintenir en cercle d’amitié… et je pourrais continuer… merci à tous…
Sylvie Legaré

Nous allons bientôt nous séparer. Suzy se lève, nous invite à vivre le makusham : c’est le temps pour célébrer la vie ensemble, c’est un savoir-être ancestral, c’est la danse en cercle qui récapitule au-delà des mots. Elle nous parle de ses parents, innus de la Côte Nord, de son père si bon danseur, absent mais si présent et qui lui laisse la place pour à son tour transmettre sa culture.

«Nous sommes tous frères et sœurs
puisque dans notre corps coule le même sang rouge
et que nos pieds marchent sur la même terre.»

«De mon cœur à ton cœur»
un geste pour clore le cercle, la rencontre.

Découverte, amitié et beauté …
comme si nous nous connaissions depuis longtemps.
Des colibris butinant le verbe en bouche
Les regards amicaux ou furtifs
Les mots du cœur au-delà des mots lus
Une croûte de pain à côté d’un épi de blé d’Inde au beurre tiède
Le fleuve immense et généreux
Et moi, le regardant avec bonheur
Silence !
Seules ses petites vagues me tiennent compagnie.
Toutes ces images se bousculent gentiment dans ma tête
pour très longtemps.
Boufeldja Benabdallah

 

Une partie du groupe
(manquent certains amis de Montréal et d’autres partis plus tôt)

 

Kasàlà

Originaire de l’Afrique subsaharienne, le kasàlà est un poème-récit qui célèbre la personne dans sa noblesse et son mystère. Traditionnellement, le Kasàlà se récitait devant un auditoire avant ou après la guerre, à l’occasion d’un deuil ou d’un mariage ou comme chant d’adieu.

Je suis la beauté du monde
Je suis de celle qu’on trouve à Neuville
Sur les bords du grand fleuve
Je suis celle qui rassemble et qui sauve

Je suis Isabelle citant Pie XII
Narrant Hubert Reeves dans le désert
Parlant de ces symboles
Signes de l’invisible dans le visible

Je suis un message de François
J’ouvre la porte de la communication par l’humilité
Et j’envoie Gérald Cyprien
Ouvrir ses bras à Boufeldja

Je suis Etty Hillesum écrivant dans son journal
«La vie est belle et pleine de sens dans son absurdité
Pour peu que l’on sache ménager une place pour tout
Et la porter toute entière dans son unité.»

Je suis nous tous près du fleuve
Goûtant, humant, savourant
La beauté, les gestes, les paroles
Ravis et heureux de les partager

Je suis la beauté du vivre-ensemble
Dans l’art de la marionnette et de la biodanza
Celle qui s’exprime derrière et devant la caméra
Et qui émerge du plus profond de soi dans le dessin, la peinture ou l’écriture

Je suis cette beauté que l’on ne voit pas
Je surgis furtivement dans le regard ou le sourire
De la personne qui ouvre la porte à l’autre
Et alors j’ouvre aussi dans les cœurs une fenêtre sur l’infini.

Lise Gauvreau

 

 

C’est ainsi que nous avons clos notre rencontre, riche de sens, d’émerveillement, d’espérance. Merci à chacun pour sa présence. Merci à cette maison qui nous a accueilli et a porté dans ses murs nos paroles et nos humanités partagées. Merci aussi aux personnes qui nous aident à rendre cette maison vivante, notamment en donnant un coup de main pour les nombreux travaux, les corvées de bois, etc. Merci du fond du coeur de nous aider à faire de cette maison, qui est plus que notre maison, un lieu de rencontre et de beauté. Merci à chacun de vous, artisans de cette mission de la beauté et de l’art de la rencontre, depuis la première heure ou tout nouveau venu.

 

Merci à tous nos partenaires

Merci pour leur soutien financier à:
Patrimoine Canada, les Sœurs de la Congrégation Notre Dame,
les Oblates Franciscaines de Saint-Joseph,
Développement et Paix, le Cercle Citoyen de Sainte-Foy.

 

Photographies: Rachid Djouaher, Noémie Lefebvre, Guy Trad